2 avril 2021

SUR LES TRACES DES SOEURS DE LANDSER




Vendredi saint, l'heure commémorative de la mort du Christ. Je me retrouve à Landser, où une grue blanche dresse sa pointe vers le ciel. Elle indique le chantier ouvert en octobre 2019.  De l'ancien monastère St-Alphonse devenu couvent il ne reste plus grand-chose à l'exception de la chapelle à la porte souillée de terre et désacralisée. Je me souviens de ma rencontre avec la supérieure avant le départ des rédemptoristines en septembre 2012. Elles n'étaient plus que 11 dans des bâtiments trop grands, vétustes, inadaptés aux exigences actuelles. Les sœurs ont dû se résoudre au dernier voyage terrestre vers la communauté d'Oberbronn. Fin d'une présence de  80 ans. Avant elles, c'étaient les capucins. Leur ancien lieu de vie est remplacé par du neuf. 







Les murs poussent de l'Espace Victor-Kolmer, du nom du premier Salésien de Landser, père du centre Don Bosco. L'annexe à venir du collège-lycée qui accueillera dans un an probablement un peu moins de 200 élèves de CM2 et 6e. Elle jouxtera elle aussi le lieu de culte désaffecté, dont les statues de façade devraient disparaître. Du cultuel au culturel. Dans les jardins abandonnés, saint Joseph, la Sainte Famille, le Christ au sacré-cœur et la grotte de Lourdes semblent fatigués par le temps et l'oubli. Une colonne de radiateurs d'un autre temps fait cimetière de fonte. 








Vendredi saint. Un Christ en croix est laissé pour mort.  
Dans le voisinage, l'église de l'Assomption rayonne dans sa blancheur. Un bas-relief décrit la victoire du supplicié sur la mort. "Ich bin die Auferstehung und das Leben" (je suis la résurrection et la vie).







Le couvent en 2015 

  






24 mars 2021

LE DRUIDE DES BERTRANGES

Se ressourcer en Loire bourguignonne





C’était un beau matin de septembre, dans notre échappée de presse nivernaise. Pour commencer la journée, Maryline notre guide nous a emmené au vert. A cette époque, l’automne n’avait pas encore fait son œuvre. A l’est de La Charité-sur-Loire, entre Guérigny et Prémery, la Forêt des Bertranges.


Un des plus grands massifs de France (plus de 10.000 ha dont 7600 relevant du domaine public).
Le « terrain de jeu » de Samuel Blais, responsable de l’unité territoriale ONF. Il nous accueille au rond-point de la réserve, étoile des circuits de randonnée. Il a l'humilité du jardinier, la sève du protecteur de la biodiversité, la robustesse du chêne. Justement, le poumon vert de la Nièvre est la deuxième forêt de chênes dans l’Hexagone. Il y a bientôt 30 ans, les forestiers ont dû se faire violence pour abattre le Babaud, presque cinq fois centenaire.





A l’occasion de la Journée internationale des Forêts le 21 mars, l’ONF rappelle que les espaces qui lui sont confiés sont potentiellement dangereux, plus encore par intempéries. La forêt occupe un tiers du territoire national, elle nécessite un travail continu de façonnage et de sécurisation. Les missions de l’ONF ne sont pourtant pas toujours évidentes pour le public. Les forestiers exercent un métier du terroir, un de ceux qui ne produisent pas un résultat immédiat, explique Samuel. Un travail qui produira des fruits longtemps après. Car il s’agit de faire des chênes bicentenaires. Ces arbres qui depuis des siècles alimentent les scieries, constituent les charpentes, habillent les parquets de Versailles et sont façonnés en tonneaux. Autrefois, c’étaient encore les forges royales.


Inséparable de son marteau qui annonce la coupe, Samuel est aussi gardien des espèces. Les essences moins courantes sont préservées et une forêt mélangée résiste mieux aux facteurs externes, commente-t-il. Le changement climatique s’est déjà emparé du paradis vert. La sécheresse est pire que la canicule. Si le chêne sessile est plus coriace, le taux de mortalité du pédonculé a de quoi inquiéter. Quand ce ne sont pas les scolytes venus du Grand Est qui dévorent les épicéas. Terrible pour un forestier. Cela étant, Samuel a des raisons d’être heureux dans l’immensité. Il échange avec le public et partage le domaine avec une faune nombreuse : cerfs, chevreuils, sangliers, bécasses. Il lui faut parfois compter le gros gibier de nuit.
L’office national des forêts a enfin un pouvoir de police. Si un dépôt sauvage n’est pas à exclure, les gens du pays sont plutôt respectueux de cet environnement. Ce sont des ruraux.





Samuel Blais a eu l’appel de la forêt. Il écoute pousser les arbres. « Un arbre s’installe à un endroit où il peut y grandir. » Le temps du forestier n’est pas celui du journaliste.


La Forêt domaniale des Bertranges en Bourgogne – Franche-Comté

 #forêtdesbertranges