21 mai 2019

RUN FOR EUROPE : LES ETOILES DU RHIN



19 mai. Une semaine avant le scrutin des Européennes. La veille du départ en Thaïlande de Parinda. Nous revoilà, mon épouse et moi, sur les bords du Rhin où notre belle histoire d'amour s'est forgée. Nous avons aussi pris l'habitude, avant que Parinda ne rentre dans son pays, d'y venir en pèlerinage conjugal. Mais aujourd'hui, nous participons aussi à Run for Europe, pour promouvoir notre appartenance à cette famille continentale septuagénaire et toujours fragile.

Run for Europe a été créé par des citoyens de part et d'autre du Rhin. Une course / marche fraternelle et festive, sans chrono, auréolée d'étoiles dans les yeux, les cœurs et les drapeaux. Alors que le repli sur soi s'affirme dans de nombreux Etats, les citoyens de base prennent la parole pour indiquer un autre chemin, l'Union fait la force. 




Il est environ 10H30 quand nous arrivons à Breisach. En stationnant à l'entrée de ville, des Allemands en marche aussi nous saluent. Le centre de la ville frontalière est en travaux, mais la place du marché refaite et offerte à cette belle fête en bleu. Plusieurs générations sont réunies, du bébé au senior aux cheveux blancs. Le premier entre dans un monde qui peut basculer à tout moment, le second a entendu les anciens lui raconter la guerre.
Breisach, ville martyre comme beaucoup d'autres à la Libération. Un déluge de feu s'abattit sur elle. C'est aussi une cité symbole de la réconciliation franco-allemande.
Run for Europe prend tout son sens ici, la France et l'Allemagne étant les moteurs de la machine européenne.





Pour la 3e édition de cette course pro-européenne, nous serons quelque 500. Moyennant un don, on acquiert le t-shirt d'adhésion (fabriqué au Bangladesh), on peut aussi prendre autocollants et petits drapeaux. Ambiance de kermesse transfrontalière. Des visages apparaissent parmi les anonymes, comme Brigitte Klinkert  présidente du conseil départemental du Haut-Rhin et  Oliver Rein, maire de Breisach.  Un porte-parole annonce que "saint Pierre est lui aussi européen". Il ne pleuvra pas sur le parcours.





11H07. Le départ est donné sous les encouragements musicaux. Les coureurs ouvrent le ban. Avec Parinda, nous marchons, mais avec le même entrain. Les bâtons de randonnée sont de sortie, poussettes et trottinettes aussi. Dans les parcelles de vignes, je distingue Claude Brender, le maire de Fessenheim. Une femme diminuée par une jambe souffrante est en route avec son chien. Le circuit s'étend sur 7 km, traverse le Rhin et le borde pour faire le tour de la zone de loisirs du Pays Rhin-Brisach avec piscine, camping, capitainerie et aires de détente. Face à la rive allemande, Parinda et moi nous souvenons de nos premiers baisers, il y a six ans déjà. Le fleuve coule impassiblement.
Un tour de cadran après notre départ du Marktplatz, nous revoyons le centre de Breisach sous les bravos des organisateurs. Un autocollant atteste que nous avons participé au Run 2019.














Les derniers vont arriver. La fête se poursuivre avec une tribune politique et des concerts. Dimanche prochain, il faudra voter. Quel que soit leur bord, les orateurs du jour appellent à mettre dans l'urne une liste europhile. Nous sommes déjà partis quand un homme encore nous salue. Richard Alvarez, le maire de Neuf-Brisach, qui rentre à petites enjambées. Il a promis d'emmener la progéniture au cirque. Là aussi, il est question d'étoiles.







#runforeurope#coursetransfrontaliere

15 mai 2019

SOUVENIRS DE RADIO 1

Nina et Lolo (2014)

                                                       NINA 


A la fin des années 80, Radio Portesud faisait voyager le Sud Alsace sur « la bonne latitude ». Blandine était troublante, Tony hors sol comme on dirait aujourd’hui, Liselotte « chantonnait » dans ses interventions.
Les années passaient. Les animateurs précités ont pris un autre vol. D’autres ont suivi. Nina entra un jour dans mon environnement. La première image qui me revient est celle de notre rencontre à l’Auberge du Zoo. Je me souviens de son visage rieur et de ses lunettes espiègles.

A l’état civil, cette petite dame multi-facettes apparaît sous Christina Irène Boigeol. Nina Christina revient familièrement. Pour ses collègues et pour une raison incompréhensible, elle s’appelle « la vieille ». Il faut probablement chercher l’explication dans la longue route de notre animatrice – réalisatrice, illustration vivante de ce qu’un individu peut accomplir durant son existence dans la diversité de ses parcours. Nina a eu plusieurs vies professionnelles. Le fil conducteur étant possiblement la relation humaine.

Les archives de la rédaction me renvoient à deux événements marquants. Une Nina appelant le secours médiatique depuis son restaurant de Fessenheim pour faire valoir ses revendications.
Une Nina militante qui passa outre la supplication de son employeur en se présentant aux législatives de 1997 contre le lion d’Altkirch et qui fit un score confidentiel. Les gens de média ne font pas les meilleurs candidats politiques.

Nina, c’est un peu plus que le quart de siècle derrière le micro. « Toujours de bonne humeur » à la promotion, bougonne dans les couloirs. Une star de l’audiovisuel quoi. Nous avons donc longuement cheminé ensemble dans la même entreprise sans nous connaître vraiment. Un collègue est réputé ne pas être un ami.
Nina va prendre de la hauteur à l’âge où commence la vie selon Udo Jürgens, chanteur allemand qu’elle a contribué à promouvoir en miaulant à l’antenne. Après avoir maintenu la flamme alémanique sur Dreyeckland, elle va rallumer les fourneaux d’une auberge de fond de vallée et rassasier d’autres consommateurs de passage.
La radio est comme un disque. Le dernier sillon atteint, la musique s’arrête.
Nina aura été une figure de l’épopée Dreyeckland, la radio née à cause ou grâce à Fessenheim. Je n’aurais pas imaginé qu’elle coupât son réacteur avant que ne se taisent ceux de la centrale.
Bonne route Nina, toi qui sais que le bonheur est en cuisine.


Altkirch, 22.02.18 



Nina est aubergiste au lac d'Alfeld depuis le printemps 2018.