19 décembre 2016

AUX CHAMPS-ELYSEES, UN MARCHE DE NOEL


Paris 5 décembre. Un lundi au soleil en cette fin d'automne qui laisse l'Alsace dans le brouillard froid.
Nous sommes dans la capitale pour l'inauguration de la Maison de l'Alsace rénovée.
Profitant d'un creux dans l'emploi du temps, nous convenons d'une promenade touristique sur les Champs-Elysées qui nous ouvrent l'avenue au bas de l'immeuble. Direction le marché de Noël.

Il faut se rendre à l'évidence d'entrée: le marché de Noël des Champs n'est pas celui d'Alsace, une région qui n'existe plus du reste vu de Matignon. C'est pourtant la manifestation la plus fréquentée de Paris à en croire ses promoteurs, 16 millions de visiteurs attendus cette saison. Chef de file de l'organisation, Marcel Campion, le propriétaire de la grande roue place de la Concorde, pilier de la foire du Trône et de la fête foraine des Tuileries. Depuis le 11 novembre, voici donc ce marché disposé de part et d'autre de la plus belle avenue du monde, qui annonce 180 chalets et se pare d'illuminations.

Les cabanons sont blancs. Ils constituent "Les Villages de Noël", par thématiques comme l'artisanat d'art, les artisans de France, les spécialités gustatives régionales. Deux attractions majeures s'en détachent: la célèbre grande roue de 70 m et la patinoire de 1600 m2 qui permet de glisser entre des arbres. Nous tenterons sur un appel d'âme adolescente le château fantôme. Un manège à train dont on se demande ce qu'il vient hanter sur la route de la Nativité. Deux minutes d'égarement dans un dédale faussement inquiétant où les monstres sont aussi des Pères Noël. 5 € pour un aller pour rien...Passons, nous avons souri. Deux heures plus tard, nous aurons arpenté les allées de ce marché qui est un fourre-tout, entre fête foraine, parc de jeux, échoppes diverses où le bon goût n'est pas toujours de mise. Une tour Eiffel métallique nous rappelle qu'ici c'est Paris. La vieille dame de fer est aussi disponible en suspension de sapin. Les nombreux touristes seront peut-être attirés par d'autres produits dérivés rappelant la capitale. Pour notre part, nous regagnons l'ambassade d'Alsace bien plus chaleureuse. Et contents de nous imprégner bientôt de nouveau de nos marchés typiques.



16 décembre 2016

ALTKIRCH : CE QUE CHANTE LA FORET

 Deux décennies de contes et légendes pour voyager,   frémir et s'émerveiller.

 





Lundi de décembre, début de soirée. Le temps est hivernal, mais calme. En me retrouvant dans la haute ville d'Altkirch, je me laisse séduire par ce qu'on appelle "La Forêt enchantée", comme un enfant serait attiré par un bois magique. Vingt ans que la Ville propose cette attraction de fin d'année quand partout ailleurs les marchés de Noël sont la règle. La capitale du Sundgau avait certes tenté de faire comme les autres, mais le succès n'était pas au rendez-vous. Sur l'initiative de Geneviève Risterucci, infatigable attachée culturelle, Altkirch osa se démarquer avec un produit inédit, une "forêt enchantée" donc. Dans ce Sud Alsace où spiritualité coexiste avec croyances paranormales depuis des siècles, les histoires de sorcières et de faits extraordinaires ne manquent pas. Ma grand-mère maternelle nous en racontait de son vivant et je leur ai toujours porté crédit.



J'entre dans "La Forêt". Pour la première fois, elle est plantée exclusivement autour de l'église Notre-Dame, même si elle est signalée à l'entrée de ville.  En raison de l'état d'urgence gouvernemental, le site est clos et protégé par des barrières. Pourtant, certains personnages ont de quoi effrayer jusqu'aux terroristes. Sur le sentier qui longe les marronniers dépouillés se succèdent des scènes de contes. L'endroit est habité d'une multitude de créatures, des enfants, des adultes, des monstres, des gnomes, des animaux. Des mannequins à taille humaine, aux traits réalistes, à l'expression neutre voire triste pour les braves gens qu'ils figurent, terrifiante pour les damnés, s'agissant des légendes du terroir. Avec le temps, la création hivernale s'est transportée aussi dans les Mille et une Nuits, avec palais, princesses, mystères d'Orient.




Chaque histoire est légendée. Le son et la lumière soulignent l'atmosphère. Ce soir, la lune est presque pleine et paraît comme un confetti jaune entre les arbres. Parfois un râle surgit.
De l'autre côté de l'église, une fermette a été créée. De vrais compagnons de basse-cour voisinent avec des faux. Dans la chambrée, un nourrisson dort sous la protection de sainte Agathe, ce qui n'empêche pas une intrusion maléfique, le cauchemar d'enfant que faisait peut-être ma petite sœur dans sa prime existence . Les sorcières affectionnent les êtres fragiles. Pas moins d'une trentaine de contes se perdent dans la nuit altkirchoise où brillent coquelicots et arbustes lumineux. Quelques pas séparent le Sundgau du chevalier ténébreux, de la Cendrillon et de la vieille femme voûtée  aux oasis mirifiques. L'hiver glaçant de cette terre d'Alsace et le ciel étoilé du désert. Le loup du Jura alsacien et la ménagerie exotique au pays d'Aladin...



Cette "forêt" pourtant ne m'enchante pas. Dans ses références locales, c'est une galerie de portraits sinistres qui ferait mouche à l'occasion  d' Halloween, mais sûrement pas à Noël, qui met de la lumière dans les ténèbres. De plus, les sons angoissants émis par la scénographie cognent les parois de l'église, perturbant la paix de la crèche. Cela n'enlève rien ni à la qualité des personnages soigneusement costumés ni aux décors. "La Forêt enchantée" ce n'est juste pas de saison pour la Nativité.



"La Forêt enchantée" est l'attraction phare des festivités de fin d'année à Altkirch. Animations de rue, expositions, concerts, patinoire pour attendre et passer les Fêtes.