6 novembre 2016

PECHEUR D'HOMMES A L'ILE DU RHIN


Moins d'un mois après sa messe d'adieu à la vallée de la Largue, Vincent Simon a été installé à Hombourg.



Dimanche 6 novembre. Des averses s'abattent sur l'A35 en direction d'Ottmarsheim. A trois kilomètres, le village de Hombourg, avec ses châteaux. Une accalmie se dessine quand les premiers fidèles prennent place dans l'église Saint-Nicolas. A quinze heures celle-ci sera comble, ce qui fera pleurer une dame, habituée aux bancs clairsemés. La communauté de paroisses Ile du Rhin Vierge Marie en sa Nativité retrouve enfin un pasteur. Et va devoir se familiariser avec une image d'avant Vatican II, un curé en soutane. Sur les pentes largotines, la lourde robe noire flottait sur le vélo à assistance électrique. On ne la verra plus ainsi.

La moitié arrière de l'église se remplit de catholiques venus du Sundgau dannemarien. Les fidèles paroissiens venus témoigner une dernière fois leur indéfectible soutien à leur regretté Vincent Simon, nommé au bord du Rhin par l'archevêque Mgr Grallet au tout début de l'été. Vincent n'a de cesse de remercier ces âmes charitables et proches qui pendant seize années auront mis du bonheur dans son ministère. On retrouve aussi dans l'auditoire  des élus du secteur de Friesen.
Et même ses servants d'autel qui ne se se font pas prier pour enfiler leur aube à liseré bleu ciel et filer dans la sacristie. Ils seront mis les premiers à contribution, comme si on prolongeait le temps fini des offices de la verte vallée...


Moins de confrères cette fois, mais parmi eux les serviteurs de Jésus et de Marie venus du prieuré d'Ottmarsheim et de Mulhouse. Un apport argentin dans cette région frontalière, qui voit aussi l'amicale délégation allemande à la messe.

Avant de célébrer sa prime eucharistie à proximité de son nouveau presbytère remis en état par les services communaux, le curé Simon se voit confier les clés de l'église paroissiale. "Qu'elles ouvrent aussi des cœurs", espère le nouveau locataire, en mission renouvelable de six ans.
L'évangile du jour annonce la fin d'un monde. Vincent s'en inspire pour faire le parallèle avec son passé sundgauvien. L'installation, rehaussée par une chorale vibrante, est émouvante. Des larmes coulent parmi les anciennes paroissiennes. Quelques instants, une éclaircie illumine la nef et colore les bleus du tableau dédié au saint patron de l'édifice.



Le nouveau chargé d'âmes d'Ile du Rhin sait la tâche lourde. Marcher ensemble vers le Bon Dieu.

4 novembre 2016

UNE NUIT AU PHARE DE FATOUVILLE

Aller au phare de Fatouville, c'est comme accomplir un pèlerinage. La démarche doit être mûrement réfléchie. Voilà un phare de terre ferme, certes dans l'estuaire de la Seine, mais niché dans les bocages entre Honfleur et Pont-Audemer. Une construction de trente-deux mètres de haut dont la vigie donne d'apercevoir Le Havre et les paisibles parcelles vertes de Normandie. Une tour hexagonale toisant un corps de ferme en brique traditionnelle jouxtant l'habitation du gardien, celle-ci  réhabilitée en chambres d'hôtes.

Anne, une boulotte fille du pays, tient l'adresse insolite, ses petons serrés dans ses tennis couleur granny smith. Ses jambes lui font un peu mal, mais la maîtresse des lieux se fait un devoir et une fierté d'ouvrir pour ses convives d'une nuitée l'ascension des 163 marches du phare acquis à grands frais par son arrière-grand-père en 1923.

Au rez-de-chaussée de la construction, la grande table du petit déjeuner occupe l'essentiel de l'espace sous une vitre laissant paraître les parois interminables du lieu. Le premier repas journalier de l'hôte est copieux. Il s'articulera autour des confitures maison, des pains aux céréales aux saveurs oubliées et peut-être d'un jus d'orange discount. Une affiche à l'abri du temps rappelle la cession de ces murs au siècle dernier.

Quand Anne se décide enfin à accompagner ses visiteurs là-haut, vers dix heures, elle libère notre insatiable curiosité. Le phare de Fatouville ne paie pas de mine de prime abord. Au premier niveau, une étonnante et poussiéreuse collection de jouets anciens, des poupées surtout, s'est endormie. Les étages supérieurs ne sont guère plus étincelants. C'est bien un monument désaffecté que nous pénétrons, aux teintes fatiguées, aux boiseries ternies, aux métaux oxydés. Et à la lanterne fissurée.

Mais dans le matin calme de l'Eure, cette montée bénéfique nous montre la voie de la Seine qu'enjambe l'altier pont de Normandie. Tandis qu'en bas, à nos pieds, le vaisseau gris nous attend.
Il faut, sans délai supplémentaire, mettre le cap à l'est.







24 juillet 2008