28 septembre 2016

OTTO KLUMP, BOULANGER MALGRE LUI

A l'occasion de la Baiersbronn Classic qui s'est déroulée du 22 au 25 septembre, rencontre avec un entrepreneur à facettes multiples.

L'automobile ancienne passionne beaucoup de monde dans la région de Freudenstadt, dans le nord de la Forêt - Noire. A Baiersbronn, Otto Klump par exemple. Nous le trouvons chez lui, un dimanche matin à l'heure du petit déjeuner, affairé à ses pains. A 76 ans, il met toujours la main à la pâte dans l'entreprise qu'il a confiée à sa fille voilà dix ans et où officie encore son épouse, comme lui septuagénaire. Une boulangerie fondée en 1844, doublée d'un hôtel. Sauf qu'Otto n'a jamais aimé fabriquer le pain, m'a-t-il confié. Pourtant il a racheté dernièrement une autre maison boulangère. En négoce, il s'y entend manifestement, car il a pu se défaire lui de deux vieilles Citroën, "inadaptées au climat montagnard" de ce territoire.

                                     Rundblick - Express 

Voilà sa passion: les automobiles anciennes. Avant qu'il nous fasse apporter une Butterbretzel avec le café, Otto nous ouvre le hangar en contrebas de la rue d'en face. Y dorment plusieurs véhicules, dont l'imposant ancêtre du car. Un White de 1925. Acheté à l'état d'épave, le Yellowstone bus américain fut livré en caisse, mais son gabarit imposa qu'on l'amputât de son arrière. De fait, en le restaurant, Otto ne peut justifier des proportions réelles de son oldtimer
Le White peut emmener dix personnes sur les routes pittoresques du Murgtal. Il est loué avec chauffeur. Car la location de vieux volants est une autre activité d'Otto Klump. 

A ce jour, le collectionneur détient 8 véhicules d'époque. Son amour de la mécanique auto, il l'a forgé auprès d'un garagiste. Tout boulanger par filiation qu'il est, il estime naturel de savoir souder.







Quant à la retraite, à voir son allant, ce n'est pas pour demain. D'ailleurs, ses voitures sont âgées aussi, mais sûrement pas remisées.

L'une d'elles a perdu de l'huile sur le béton vierge du dépôt. L'employé qui en avait l'usage va avoir droit à une remontrance pour avoir négligé le nettoyage.
On ne badine pas avec la propreté en Allemagne.

27 septembre 2016

La blonde au side-squale

 

 

La moto au féminin ou la passion de Carmen pour les vieilles machines




Samedi 10 septembre 2016. Une belle journée d'été commence à Freudenstadt. Il est encore tôt ce week-end quand nous entrons dans une société automobile entre zone d'activités et pré. Un garage fondé en 1962 et fidèle à la marque Subaru depuis 35 ans. Pourtant, c'est de moto qu'il s'agit aujourd'hui, un autre pan de l'affaire familiale que nous visitons.

Notre hôte est Carmen Müller, une femme d'âge mûr aux longs cheveux blonds et au regard lumineux. C'est ici qu'elle fit son apprentissage, c'est ici qu'elle rencontra son mari Michael. Lui la cherchait à moto, mais c'est avec son papa qu'elle apprit le deux-roues. A la concession, tout le monde pratique le pilotage, à l'exception de grand-mère ("Oma besser nicht"). Et quand ils en ont le loisir, Carmen et Michael enfourchent leurs bécanes pour une virée de détente. Récemment, avec d'autres femmes, elle s'est offert un périple en Alsace sous la conduite d'un...pasteur motard.

Michael est revendeur de la mythique Royal Enfield, la moto d'Inde avec son cachet old style. "Ça se conduit comme un tracteur" glisse Michael, soulignant l'immuabilité des composants depuis des décennies. Sauf qu'il va falloir adapter le moteur aux normes antipollution.


Carmen nous raconte le rallye de Baiersbronn, sur les traces des pionniers de 1946. Cette année, elle fera le parcours à side-car, mais au guidon. Les rôles sont inversés, Michael s'installant dans la caisse. Vu son gabarit, le "Gespann" ne s'en tiendra que mieux sur la route, tant ce genre d'engin serait difficile à manœuvrer dans les  virages. Il peut arriver aussi que l'attelage se cabre. Le poids du passager est donc important et à vide, la caisse est lestée. Carmen partira en pole position au guidon d'une BMW 1951, après une courte formation de conduite. La caisse est reconnaissable entre toutes, avec ses dents de requin à la manière des chasseurs de la dernière guerre. Michael lui fait confiance. Après tout, ils sont conjoints,


donc unis pour le meilleur souvenir.