12 octobre 2024

LE CLUEDO ALSACIEN DE PARIZOT


 

Comme beaucoup de téléspectateurs, j'attendais de visionner le film consacré au plus célèbre des campeurs du petit écran, Christian Parizot. Personnage indispensable à la série "Camping Paradis" dont le gentil héros est Tom Delorme (Laurent Ournac). Le divertissement vacancier qui nous emmène au bord de la Méditerranée près de Martigues offre quelques portraits truculents, dont ce fidèle Parizot, à la fois attachant et agaçant. 
"Monsieur Parizot" a enfin donné à son interprète, Patrick Paroux, jeune septuagénaire, son premier grand rôle.


Quand il ne passe pas son séjour estival sur son emplacement réservé au "Paradis", on se demandait comment le retraité colmarien Christian Parizot occupait ses journées. On le savait cycliste chevronné. Dans le spin-off, sous-produit de série, diffusé le 7 octobre, le voilà passionné d'enquêtes criminelles. 
Laurent Mondy a créé un téléfilm policier non dénué d'humour dont l'intrigue se déroule en Alsace, chez Parizot. Le tournage a eu lieu à l'automne 2023 comme en témoignent les couleurs des forêts. Mais soudain, pour les besoins du scénario, on monte dans les Vosges enneigées. Le massif blanc n'est pas courant, encore moins quand en plaine les arbres sont encore verts.

Christian Parizot devait partir en randonnée à vélo avec son compagnon de route Dodo (Philippe Caroit). Malheureusement celui-ci décède en montagne. Quelle idée de s'aventurer sur une patinoire quand on pratique le vélo… Parizot arrive à son tour et envisage un homicide volontaire, quand les gendarmes abrègent  par un accident de la route. Dès lors notre campeur préféré,  à qui on ne la fait pas,  engage sa propre enquête avec le concours de la lieutenante Alexandra Bauer (Clémence Lassalas), souvent en civil malgré le brassard et reléguée au second plan. L'enquêteur autoproclamé va mettre son nez dans une famille d'aristocrates  qui feraient un bon Cluedo pour établir enfin la vérité et les responsabilités.

Si les mimiques de Patrick Paroux m'amusent, j'ai été moyennement convaincu par ces deux épisodes de "Monsieur Parizot", comme les confrères rompus aux programmes télé. Le héros ne semblait pas affecté outre mesure par la mort de son copain. La veuve pas davantage éplorée. Les affaires ne connaissent pas les sentiments. Mais Parizot n'oublie jamais ni son lieu  de vacances ni son cher Delorme qu'il aime enquiquiner. C'est justement au bord de la Grande Bleue que je préfère ce bougon du vieux monde, son vélo vintage et sa 405 de collection.

13 septembre 2024

RELAIS EST : WITTENHEIM DONNE UNE SECONDE VIE AU TEXTILE







Vous connaissez les points d'apport du Relais Est, sur les parkings commerciaux ou le long des routes, que vous alimentez peut-être. Ils reçoivent vêtements propres et secs, chaussures liées par paires, linge de maison, petite maroquinerie, à déposer dans des sacs fermés.  Car derrière ces dépôts, des mains sont chargées de faire le tri. Et des citoyens peu scrupuleux, heureusement rares, confondent collecteurs solidaires et bennes à ordures ménagères. Parfois, on fait aussi d'étonnantes trouvailles comme cet alsatique de 1888 sur Mulhouse ou ce téléphone à touches  qui fera  le bonheur d'un collectionneur. 



C'est le moment d'entrer dans le monde méconnu du réemploi textile, à l'occasion des 30 ans du Relais Est. Nous sommes dans une zone d'activités de Wittenheim, sur un site d'un hectare et demi, dont 6.000 m2 de bâtiments. C'est en 1984 qu'a démarré le premier Relais, dans le Nord-Pas-de-Calais. Membres du mouvement Emmaüs, le fondateur, les établissements sont indépendants. Celui de l'agglomération mulhousienne est le seul à tout accomplir dans son territoire, l'Alsace. Entreprise à but socio-économique, le Relais Est est installé dans le Bassin potassique depuis 2001 après son lancement à Mulhouse.  Dix ans plus tard, il prenait le statut de coopérative. Ses salariés en sont les patrons. Ils sont aujourd'hui 200, dont 40% en insertion. 



En quittant les bureaux, nous considérons une surface regorgeant de vêtements. Au fond, des opératrices retiennent ou éliminent ce que les sacs plastiques révèlent. Une culotte usagée défile sur le tapis devant un jean de belle allure. Ce qui est traité ici a été récupéré dans les 1650 bornes réparties en Alsace et dans le Nord Franche-Comté. Plus de 7000 tonnes sont triées annuellement à Wittenheim. L'été a été particulièrement copieux, sans doute parce que les foyers font le ménage dans leur penderie… Si les pièces de fourrure n'ont plus d'avenir en France, les petites mains peuvent tomber sur d'autres  vêtements intéressants mais abîmés. Deux nouvelles blanchisseuses ont été acquises pour les raviver. Au besoin, une couturière fera le nécessaire, comme sur cet ensemble Louis Vuitton. Des créatrices sont sollicitées par ailleurs pour des effets à surcycler et  produire à partir d'échantillons.  Au Relais, nous croisons encore  le cordonnier. Il retape de belles chaussures et la maroquinerie dans son petit atelier. 





Au  Relais Est, 58% de la marchandise collectée est réemployée. Elle sera ventilée à l'export et  dans la douzaine de boutiques solidaires du réseau régional et pour ce qui s'apparente au vintage, cela finira sur les portants des boutiques dédiées à l'enseigne Le Léopard de Strasbourg et Mulhouse. Sans oublier la boutique en ligne (labelfripe.fr  et leleopard.fr). Sans ces friperies, le modèle économique de l'entreprise ne fonctionnerait pas. 



Et plus on réemploie, plus on crée de l'emploi, affirme le Relais, qui écoule par ailleurs 30% de la collecte en recyclage,  les chiffons et produits industriels. 10% iront dans la valorisation énergétique. 

Par les temps qui courent, le Relais Est fait une offre aux étudiants en boutique, une nouveauté bienvenue quand beaucoup ne parviennent pas à se vêtir.  Dans un monde qui change, le réemploi a de l'avenir. Question d'éthique, de budget. Ou simplement de petit plaisir.