2 juillet 2020

LA TROTTINETTE DES HAUTES CHAUMES


Depuis la mi-mars, je n’ai quasiment plus fait de la trottinette. Pour mon retour dans les Vosges, j’ai le privilège d’essayer la trottinette tout-terrain à assistance électrique. C’est comme si j’en avais fait depuis toujours.






Il va être quinze heures ce mardi. Je suis attendu aux Bas-Rupts, Commune de Gérardmer, à l’auberge La Drosera. L’établissement est tenu par Emeric Bourlier-Mathieu depuis trois ans. En face, le tremplin de saut à ski K-65 où il y a de la vie ce dernier jour de juin. Les hivers étant de moins en moins blancs, les acteurs du tourisme doivent réinventer le massif. Emeric loue skis et raquettes quand la neige est au rendez-vous. Il vient aussi d’investir dans l’ e-trottinette. Huit exemplaires pour un usage trois saisons voire quatre.
Pour la sortie du jour, François Fuchs me servira de coach et guide. Un sympathique accompagnateur de montagne, spécialiste des randonnées, activités nature et balades à trottinette. Il connaissait la version descente. Il a appris la TAE qu’il a adoptée sitôt dessus. A mon tour aujourd’hui.





François et Emeric





Emeric charge deux engins dans son fourgon et nous monte dans le domaine nordique. La TAE, c’est comme le VAE, avec un boîtier de commande – tableau de bord et une poignée de démarrage et de poussée. Il suffit de se hisser sur le plateau et de tourner la poignée pour partir. Cinq vitesses sont proposées. La deuxième suffira.
François adapte les parcours à ses clients. Je lui avais annoncé que la trottinette était mon véhicule du quotidien depuis une décennie et que le grand fond ne m’effrayait pas. Nous sommes donc partis pour une virée sylvestre sportive d’une bonne heure.

Mes réflexes ne m’abandonnent pas. Je patine avec chaque jambe.
Quand la pente devient sévère, il faut soulager la trottinette en apportant un peu de traction humaine. Et si elle se présente trop raide, descendre de l’engin qui finira par grimper. Heureusement l’environnement a eu le temps de sécher, car la trottinette chasse parfois. La grande roue avale les obstacles que sont pierres et racines, mais c’est du pilotage sur les sentiers de forêt. Quelques arrêts pour considérer le panorama et croiser des promeneurs intrigués par nos machines. Et voir tourner un syrphe, la mouche déguisée en guêpe. Au sommet du Grouvelin (1150m), la récompense est la table d’orientation. Une vue sur la crête vosgienne. Pour les Alpes, il faut imaginer ce jour.
Grisante sera la descente sur la piste de ski. Les 40 km/h sont atteints chez moi, mais François est un peu plus rapide.
Nous dévalons vers La Drosera. Sur la route, un jeune couple prend la pose devant le lac. Des Belges circulant dans un cabriolet portant une plaque 68.















En bas, Emeric a disposé sa flotte d’ e-trottinettes et devise avec son fournisseur. Jean-Pascal Yvoz, le fondateur de Wheel’e, société créée à Hautepierre et établie aujourd’hui à Badonviller en Lorraine. Le jovial entrepreneur n’a pas inventé ce format de trottinette, elle existait naguère en République tchèque. Mais il travaille aux mobilités alternatives et ne manque pas de projets.
Le marché de la trottinette est en pleine expansion, rappelle ce concepteur – fabricant. Les Hautes-Vosges sont un terrain idéal pour ses machines à roues asymétriques. Devant, du 26 pouces pour le confort, derrière du 20 pour une meilleure propulsion.







L’an dernier, j’ai eu le loisir de tester le VTT à assistance électrique avec Rémy Absalon du côté de La Bresse. Aujourd’hui la trottinette. L’énergie propre donne des ailes quand la route se dresse.
Trottinettiste je suis, trottrider je serais si je devais choisir.









Faire de la trottinette à assistance électrique à La Drosera, Bas-Rupts, Gérardmer  ❤❤❤

1 juin 2020

SOUFFLE DE PENTECÔTE





Un symbole. La reprise des cultes pour la Pentecôte après plus de deux mois d'interdiction liée au confinement. Depuis une semaine en fait il était possible de célébrer un office, mais pour tout remettre en route, il faut apprendre à composer avec les normes en vigueur.
Nous avons eu la joie d'assister déjà à la messe du pèlerinage marial du Grünenwald. Ce matin, nous revenons pour la première fois depuis quelques semaines à Hindlingen. L'église Ste-Anne avait été rénovée avant le confinement. La fraîcheur des peintures, l'odeur de l'encaustique sur les bois, la douceur de la lumière. L'ornement rouge du lutrin nous rappelle la Pentecôte.
Une des solennités choisies pour la profession de foi. Il y a un peu plus de quarante ans, je renouvelais mes vœux de baptême en mon église Notre-Dame d'Altkirch, désormais bien souvent muette. Il ne reviendra plus le temps des processions de communiants.

Ste-Anne donc, dans la belle vallée de la Largue. Du gel hydroalcoolique et la corbeille à offrande à l'entrée, mais pas de signalétique tape-à-l’œil. Des croix figurent les places disponibles, un fléchage rouge le sens de circulation. Des mains courantes ont été installées dans le chœur qui faciliteront l'accès des prêtres à mobilité réduite.
Surtout, ce silence de cathédrale dans cette église de village. Une vingtaine de fidèles se sont figés dans l'attente de la célébration. La distanciation physique fait le vide. Les nouvelles de la commune ne sont plus échangées dans mon dos. 

Précédé de trois servants d'autel, le célébrant s'avance depuis le fond de l'église.
La chorale a disparu, l'orgue ne chante plus. Plus d'encens.
La Pentecôte commémore la fondation de l’Église universelle. Le prêtre fait le lien entre les apôtres confinés qui soudain sont marqués de l'Esprit Saint et les retrouvailles de la communauté paroissiale dans ce contexte particulier qui nous a privé des fêtes pascales.
Maintenant que la liturgie peut être partagée en fraternité restreinte, elle n'en demeure pas moins étrange. Réduite à la voix des participants, sans chants, sans musique.

La Pentecôte, c'est le souffle de Dieu. Cette année sur des fidèles qui ont le leur bridé, réunis le visage masqué.