1 octobre 2019

ITE MISSA EST


Avant son envoi à Munster, l'abbé Vincent Simon a célébré sa dernière messe telle que l'ont connue nos aïeux.




C'est un beau dimanche, le premier de l'automne, le dernier de septembre. Il a commencé ensoleillé, il finira sous les averses. J'attendais ce moment depuis des semaines, maman l'appréhende.
Pour la dernière fois nous prenons le chemin de Hombourg où voilà près de trois ans nous partagions l'installation de Vincent en sa qualité de nouveau curé de la communauté de paroisses Ile du Rhin Vierge Marie en sa Nativité. Notre abbé venait de quitter son long séjour dans le profond Sundgau et sa chère chapelle Notre-Dame-du-Grünenwald. Sur les bords du Rhin, avec une vue sur Markgräflerland, Vincent avait un environnement agréable. Des villages impeccables, des équipements enviables, un presbytère rénové. La bande rhénane était devenue prospère ces dernières décennies. Mais des cœurs malmenés ont rendu son ministère difficile dès le début. Dès lors, Vincent ne souhaitait pas s'éterniser au voisinage de l'abbatiale d'Ottmarsheim.
Le voilà qui est quasiment déchargé de sa mission maintenant. Cette fin d'après-midi, il dira sa dernière messe selon saint Pie V, le rite traditionnel que l’Église tente d'effacer.

Une quarantaine de fidèles de tous âges garnissent les bancs de St-Nicolas de Hombourg qui paraît comme neuve de l'intérieur. Au plafond de la nef, le Christ s'avance avec une colombe, comme s'il venait nous appeler. Je ne verrai probablement plus les bancs chauffants de cette église où nous sommes venus quelques fois. Mademoiselle Renée, l'inséparable aide au prêtre et organiste, tient le clavier, accompagnée aujourd'hui par la chorale grégorienne de Thierenbach.
Il est dix-sept heures. Vincent s'avance par le portail, précédé par ses fidèles servants d'autel, quatre hommes plutôt jeunes. Dans l'assistance, deux femmes portent la mantille. A l'exception du bébé qui gémit si peu, on entendrait une coccinelle voler. 



L'office va durer une heure et demie qu'on ne voit passer. Asperges me ouvre la messe mensuelle dans une des plus belles langues qu'il m'ait été donné d'entendre. Je n'ai pas été initié mais avec un petit effort on n'en perd pas son latin et on peut s'appuyer sur la traduction. De longue date hélas je m'évertue à convaincre les choristes que je croise de ne pas reléguer aux oubliettes ces cantiques d'un autre temps certes mais qui réaniment l'âme. Je pense à mon regretté papa et à mes vieux amis d'Aquitaine endormis depuis tant d'années aussi. La messe est dite, ils savaient probablement déjà avant de clore leurs paupières. Je devrai m'habituer à un service religieux minimum en phase avec l'époque des gens pressées. J'avais l'impression de le fréquenter depuis l'adolescence, avant mon exil dominical dans la vallée de la Largue. 



Vincent est remonté en chaire pour envoyer un message que les prélats seraient bien inspirés de méditer. Eux qui éloignent le curé de campagne dans la vallée. Ce 29 septembre, la communauté de paroisses rhénane vient de donner sa dernière messe en latin. Tout près d'une église octogonale aux pierres millénaires.



28 septembre 2019

WOLFER OPEL : PATRICK A CEDE LE VOLANT

Patricia, Olivier et Patrick 

Patrick Wolfer, un entrepreneur rare et souriant, a cédé les clés à Grand Est Automobiles.



Août va finir sur un samedi. Il n'est pas 9H quand je me présente au garage Wolfer, sur les hauteurs d'Altkirch. C'est une journée particulière, avant-veille de rentrée scolaire, la dernière de Patrick, qui a été le dirigeant de la concession pendant un quart de siècle. Les heures sont comptées. A midi il sera probablement parti, non sans avoir partagé un moment de convivialité avec ses clients et amis.


La saga Wolfer débute à Liebsdorf dans les années 60 avec Armand le père qui distribue Volkswagen. Patrick baigne dans l'automobile et va naturellement être intégré dans l'affaire familiale en 1978. Il va tout apprendre, la mécanique, la carrosserie, le commercial. En 1983, au théâtre alsacien du village, il rencontre Patricia, qui va accompagner sa vie personnelle et professionnelle. A la retraite d'Armand, Patrick et son beau-frère Daniel Gallat mettent le cap sur Altkirch, la capitale de leur terroir, le Sundgau. Leur garage est des premières implantations de la zone d'activités nord, aux côtés de Mr Bricolage et du Grand Bleu. Le garage du Jura alsacien fermera plus tard.

Wolfer roule avec Opel depuis une trentaine d'années. En 2005, la concession d'Altkirch s'est enrichie d'un deuxième garage, Avenir Auto avec Chevrolet, autre marque de General Motors, désormais retirée par le groupe américain du Vieux Continent. La maison Wolfer a toujours été un modèle dans la distribution automobile. Dans le Sundgau où les liens sont aussi solides que les racines d'un vieux chêne, la fidélité est une des fiertés de l'entreprise. Cela contribue aux résultats. 600 à 700 véhicules par an, VN et VO cumulés. Quand Opel fait 3% de pénétration en France, Wolfer atteint les 12 sur sa zone. Patrick, Daniel et leur équipe auront été champions du réseau national pendant 25 ans. Et surtout Wolfer peut afficher « Concession de l'année » à deux reprises, en 2016 et 2017, toutes marques confondues. Ces performances ne passent pas inaperçues bien sûr. Mais dans le marché automobile, le temps change parfois plus vite qu'on ne le pense.




Patrick, après 40 ans de vie professionnelle qui n'auront pas été de tout repos, cherchait à vendre dans un contexte de concentration et à l'aube d'un changement avec la montée en puissance de la voiture électrique. La bonne offre est venue de Grand Est Automobiles, issu du groupe Paul Kroely. Depuis le 1er janvier 2019, c'est le groupe de Franck Viallet qui est au volant de Wolfer Opel.
Patrick est resté quelques mois pour accompagner la transition et « installer » le nouveau capitaine, le Colmarien Olivier Weiss.
Ce samedi 31 août, c'est un pan de vie qui s'abat pour Patrick le chef d'entreprise qui devait et savait tout faire, alors que la pendule de la retraite n'a pas sonné. Le partant n'a que 58 ans. Mais quand on a tout donné à son entreprise et veillé au bien-être de sa quinzaine de collaborateurs en pensant d'abord à ses clients pendant tant d'années, une respiration s'impose. Patrick veut effectivement une coupure, lui qui découpe sa vie par décennies, faire la rentrée de ses petits-enfants et profiter de cette famille qu'un entrepreneur ne voit pas grandir.

Enfin, Patrick Wolfer taquine aussi la guitare et distille ses chansons d'amour. Il participe ce 29 septembre au Bierfest d'Illkirch et escortera les carpes frites de Hirtzbach le 6 octobre.
Wolfer garde l'éclair d'Opel. Mais le soleil de Patrick et Patricia nous manquent déjà.