22 novembre 2018

LE MACHINISME AGRICOLE TRACTE LA STE-CATHERINE





La Sainte-Catherine, c'est un peu notre Fête nationale à Altkirch. Le jour le plus long quoique déjà très loin du solstice d'été, qui déplace le Grand Sundgau dans la petite sous-préfecture. La démonstration se passe de blindés destructeurs, nous avons les puissants tracteurs agricoles. 
La Sainte-Catherine est depuis un demi-millénaire une foire paysanne, bien que les vendeurs se soient éparpillés dans l'offre. Ils ont de la gueule, ces monstres du labour aux carrosseries rutilantes sur la place Jourdain. Devant et autour de la halle au blé. Je ne suis pas agriculteur mais c'est ma terre et je suis fier d'être sundgauvien. Nous sommes souvent moqués, réduits à des indiens dans leur réserve verte par les métropoles d'Alsace. Mais nous savons d'où nous venons et sûrement où nous allons. Nous cultivons les valeurs transmises par nos ancêtres. 





Quand je parcours l'une des plus grandes foires agricoles du Grand Est, je retrouve un monde d'avant, que les citadins ne connaissent pas, eux qui courent sans pouvoir me précéder au calendrier. A la campagne, on vit la saison qui passe.

Altkirch se remplit d'une foule composée de Terrifortains, de Sundgauviens, de Centralsaciens, de Rhénans. Mais je croise peu de visages familiers de ma ville. Il est connu que mes concitoyens boudent les événements locaux. Pourtant les associations du cru s'impliquent, comme le VC Altkirch et sa guinguette. Justement, la Sainte-Catherine est un lieu de rencontres, d'échanges et de retrouvailles. Les Gilets jaunes ont mis leur mouvement en sourdine le temps de la journée, ce qui n'empêche pas les syndicats vieillissants de recruter. La CGT voisine avec la CFTC. 





Cette année, le soleil est de retour, mais les températures sont nettement en-deçà de l'exceptionnelle douceur de novembre 2017. Pourtant, ce n'est pas la cohue ce début d'après-midi. La Sainte-Catherine, tout institution qu'elle soit, a perdu de son audience. Je me demande où la presse locale cherche 15 à 20.000 visiteurs...Bon, les journalistes ont l'habitude de gonfler les chiffres. Je fréquente la foire depuis la poussette sûrement. Le nombre d'exposants a fondu. La manifestation ressemble au continent de glace qui rétrécit au fil du temps. Et ces espaces réservés aux secours, ces blocs de béton anti-intrusion, ces contrôles Vigipirate...Rien de tout cela naguère, des policiers municipaux empathiques, des gendarmes de proximité...




Beaucoup de choses ont changé. Mais il reste ce plaisir éphémère de parler à quelqu'un. Tiens, je n'ai croisé personne qui marchait comme un robot à smartphone. J'ai même vu des gens souriantes. J'ai bu les souvenirs du vieux vendeur de bonnes chaussures qui a fait 160 bornes depuis Hochfelden, comme chaque année depuis des décennies. J'ai interrogé la marchande de marrons d'Angoulême, une Parisienne fidèle aussi, à l'enseigne Miiaam. J'ai gobé les arguments du roi de la chaussette de chantier "fabriquée à Troyes"...Et j'ai souri à l'artisane du pâté lorrain qui a traversé les Vosges pour nous régaler.






Je suis retourné à Mulhouse. En rentrant vers 19H15, les derniers stands étaient démontés. Les restaurateurs rapides finissaient leur service. Il est révolu aussi le temps où la Sainte-Catherine se prolongeait dans les bistrots.
Et celui où mon regretté papa servait la soupe de lentilles au public. 




21 novembre 2018

FLEURS DE NOVEMBRE





C'était le printemps, la période où la nature reprend vie, les arbres sont en fleur, les parfums s'exhalent de la renaissance. Un jour d'avril qui fut le dernier dans ta vie bien remplie. Depuis plus de vingt ans tu t'investissais sans compter dans ce paquebot blanc au bord du canal, ta seconde maison. Une chute et tu partis précipitamment. Prématurément.
Une onde de choc dans le paysage culturel mulhousien.
Je pense souvent à toi comme je passe tous les jours à proximité du Musée de l'Impression sur Etoffes. Avec le recul, je me dis que nous nous connaissions depuis tout ce temps. Notre dernière interview a été pour Manoukian en décembre 2017. Je revois tes yeux malicieux, tu étais l'énergie de cette vénérable institution.

Les mois ont passé. Je me demandais comment j'allais revenir sans te revoir. De nouvelles têtes m'ont été présentées. J'ai demandé à voir où tu nous a été enlevé. Cet escalier massif où dansent les fleurs désormais. Le MISE s'est donné une exposition annuelle consacrée à la fleur. Elle est tout simplement belle et odorante. La nature a horreur du vide, dit-on. C'est le retour des beaux jours quand l'hiver prend de l'avance dehors.
Au rez-de-chaussée, le marché de Noël est revenu, dans l'esprit que nous lui connaissons. Cécile est encore très affectée par ton départ. Mais tu serais fier de ce que la petite équipe a réalisé pour cette fin d'année. Je t'imagines assis avec un grand sourire dans cet escalier apaisé par le mapping floral.
J'ai toujours plaisir à te saluer, cher Eric.