23 octobre 2018

PARTIR AVEC NICOLAS PEYRAC






1975. L'été indien de Joe Dassin. Le Sud de Nino Ferrer. Et So far away from L.A. de Nicolas Peyrac. J'avais dix ans. Ces tubes, je les fredonne ou les chante aujourd'hui encore. Et mon père  puis  Je pars  suivirent.

20 octobre 2018, 16 heures. Espace Grün de Cernay. J'ai rendez-vous, sur proposition du producteur du spectacle Jean-Luc Ginder, avec Nicolas Peyrac. Je n'aurais jamais imaginé le rencontrer un jour. C'est avec une pointe de nostalgie venue de l'enfance que je vais à la rencontre de ce vieux routier de la scène, qui ne fait pas ses presque 70 ans.

Il est à peine plus jeune que le reporter dépêché par la presse locale. Nous avons 30 à 45 minutes. La demi-heure me suffira, mais Nicolas aurait sûrement prolongé l'entretien.
Il n'a pas souvenir d'être venu souvent en Alsace. Il cite Colmar, Strasbourg et Beaucourt, commune belfortaine. A l'époque, il suivait Serge Lama, celui qui l'a embarqué dans l'aventure musicale.


Fils de médecins, Nicolas a été versé dans les sentes d'Hippocrate à son tour. 6 années d'études mais partagées avec la guitare. Etudiant le matin, musicien l'après-midi.
"J'ai envoyé tout péter", confie-t-il dans un style franc et direct. Il vouait une admiration sans limite à Lama.

Depuis plus de 40 années, il chante, bien qu'il ne se considère pas chanteur. Il est d'abord compositeur et auteur.  Pas  un jour sans qu'il ne fasse parler les cordes. Il revendique des centaines de mémorisations et "4 albums d'avance". Même s'il s'interroge sur la nécessité de produire encore, tant il est difficile de signer avec une maison de disques. Le nouveau monde des charts est celui du rap avec des artistes dont on aura vite oublié le nom, prédit la star des années 70. Tout cela ne semble pas l'atteindre, lui qui n'écoute plus la radio et  n'allume pas la télé. 

A Cernay, Nicolas Peyrac va présenter son spectacle "Les Acoustiques improvisées". Il le fait tourner depuis 4 ans et "ça n'est pas près de s'arrêter". Lui qui n'a plus rien à prouver s'est libéré de toutes les entraves du chanteur professionnel. Il est seul en scène avec sa guitare. "Ce qui compte, c'est le partage, partager des émotions". Et le public semble bien le lui rendre. Il sera nombreux à Grün ce soir. Qu'importe la taille de la salle, l'essentiel est de vivre intensément le moment, comme aux Francofolies de La Rochelle l'été dernier, le rendez-vous que Nicolas n'aurait absolument pas voulu rater. Pourtant la maladie l'avait empêché de faire la promo de son dernier album au début de l'année. Alors, il l'assure en session acoustique et vend le CD à l'issue. 




En tournée, il évite de reprendre les hits qui habitent la mémoire collective, préférant livrer les pépites de sa carrière de 43 ans. Nicolas déplore en effet qu'on ne retienne que 3 ou 4 titres d'une oeuvre d'une vingtaine d'ouvrages. Mais il se dit heureux de partager un peu de son itinéraire dans ces rencontres intimistes, entre chanson douce et théâtre, comme Michel Drucker et ses anecdotes. Qu'importe si les radios ne le jouent guère ou l'ont effacé des conducteurs, Nicolas Peyrac est persuadé d'être devenu la personne qu'il souhaitait être. "Je n'ai jamais été si heureux sur scène" conclut l'artisan d'art de la mélodie, conscient que le temps est compté.



Photo Jean-Luc Ginder 

22 octobre 2018

LUCIOLES DANS LA NUIT MULHOUSIENNE



Après deux éditions de Colore Moi, Mulhouse vient d'allumer un nouvel événement, sur l'initiative des Vitrines de la fauve Sophie Julien : la Light Run. Alors que le jour décline de plus en tôt et que l'automne croque la ville, voilà de quoi mettre de la lumière dans la nuit d'un samedi soir. Du vert fluo.
J'ai décidé de participer à cette nouveauté, histoire de courir dans ces rues que je parcours à trottinette depuis des années. Et de pousser les foulées dans une ambiance nocturne. Le point de rassemblement est la bien nommée Place de la Réunion, où le village de la manifestation bruisse depuis le matin. Une foule en maillot vert peuple le site et s'équipe : bracelets, lunettes à monter, bâton lumineux.








Sur la grande scène devant le temple St-Etienne, coaches sportifs et DJ impriment les mouvements et apprêtent les coureurs / marcheurs, préalablement inscrits. Les animateurs de Freeness, le jeune club de fitness de la place, sont hors les murs ce soir. Cerise FM assure la retransmission sur les ondes. Plus de 600 dossiers ouverts. Les participants de la première Light Run sont plutôt jeunes, enfants, ados, familles, jeunes adultes. Beaucoup se sont fait poser des touches fluorescentes sur le visage par les gentilles maquilleuses de l'organisation. Je figure parmi les plus âgés manifestement. Pas de chrono ici, pas de compétition. On ne verra pas les forçats du grand fond. D'ailleurs le tracé ne compte que 3 km. Pas de quoi s'épuiser. 

On finit par partir. Je suis dans la dernière vague. En m'élançant parmi les derniers, je sais que je remonterai une partie de la file. Le circuit s'enfonce dans le cœur historique mais voilà déjà le premier obstacle, des cerceaux multicolores. Rien ne sert de courir, il faut faire la queue, comme au péage autoroutier. Les coureurs passent avec le sourire. Sorti de ces cercles, je me remets à filer dans l'artère peu fréquentée. Un nouvel exercice nous attend, un tunnel dans lequel on avance baissé. On passe à côté des noctambules de brasserie mais au troisième atelier, c'est le bouchon.A la louche, quelque 70 personnes attendent de traverser la structure barrée de fils. Il faut presque danser pour les dompter. Le temps paraît long soudain dans la fraîcheur qui s'abat sur mes bras. Certains préfèrent poursuivre sans transiter par ce ralentisseur. Les derniers hectomètres empruntent le parc Steinbach soudain magique. Il faut avancer sur des poutres disposées à même le sol. Derrière moi, un jeunot s'impatiente. Devant moi, ça ne va pas plus vite. Les signaleurs motivent les light runners dont beaucoup ne courent pas en vérité. L'essentiel est de participer. Quand je reviens sur la Place de la Réunion, je perds la route, faute de guide. Mais la boucle est accomplie.
Mon aventure s'arrête ici. La nuit des clubbers commence à l'Espace Réunion, transformé en palais électro. Cette nuit d'octobre, Mulhouse a pris un coup de vert et rajeuni son vieux cœur. Avant de passer à l'orange d'Halloween. 






#lightrun