Dans deux ans, Mulhouse célébrera le cinq centième anniversaire de son rattachement à la Réforme. D’ici à là, le temple St-Etienne au cœur de la ville aura bénéficié d’une longue cure de jouvence. Depuis la pose de la première pierre en 1859 à ce jour, la cathédrale protestante qui dresse sa pointe à près de cent mètres du sol est un chantier perpétuel. En septembre 2019 commençait la restauration de la tourelle sud-ouest, mise en sommeil par le marché de Noël puis le confinement. On en voit le bout avec le remontage actuellement de sa flèche. Début janvier, une imposante grue avait été positionnée devant l’édifice pour hisser des pièces de plusieurs quintaux. La phase la plus spectaculaire des travaux, commentée par Xavier Boulivan, responsable d’unité au service architecture de la Ville.
La flèche du plus haut temple protestant de France avait été démontée entièrement, nombre de ses pierres étant en mauvais état. En septembre dernier, on avait assisté à la pose du socle. En janvier, c’est la partie intermédiaire. Puis le fleuron pour la sortie de l’hiver. Pour nous rendre compte des travaux, nous pouvons monter les quelque 140 marches de l’échafaudage habillé d’un trompe-l’œil. Le temps et les intempéries ont abîmé la structure. Il faut remplacer certains éléments à l’identique. Le travail est confié à l’atelier strasbourgeois de Léon Noël, tandis que le tailleur sur pierre s’occupe des petites pièces sur place, pour le compte de la société troyenne Socra, habilitée monuments historiques. Depuis près de 30 ans, l’édifice de Jean-Baptiste Schacre est inscrit à l’inventaire supplémentaire des MH. Les pigeons aussi ont leur part dans la dégradation. Mais ils risquent gros s’ils croisent les locataires de la tour nord : un couple de faucons pèlerins. Le nichoir des rapaces est remplacé lui aussi. L’architecte municipal explique que les éléments tiennent par l’effet de la gravité, comme un jeu de Kapla° mais une ceinture assure le maintien. Au besoin, un peu de résine pour les fissures, voire des agrafes. Les gargouilles n’ont pas échappé aux rides. Elles ne sont pas oubliées. Pour évacuer l’eau stagnante, les ouvriers ont creusé enfin des glacis. La tourelle se reconstitue peu à peu avec des blocs extraits d’une carrière bas-rhinoise. Les stries tracées dans le grès des Vosges jouent avec la lumière et les volumes. Depuis notre plate-forme, nous considérons la place de la Réunion dans l’humidité hivernale. Et le travail d’orfèvre au plus près des pierres soigneusement ajustées. Les techniques ancestrales se conjuguent avec la technologie actuelle. Il manque encore à ce stade une douzaine de mètres pour restituer la tour. Cependant que l’intérieur du temple est en transformation aussi.
Demain, le cœur historique de Mulhouse aura une scène nouvelle.