26 août 2025

FERNAND KAYSER FAIT RENAITRE LE PHOENIX

Fresque murale 





Le programme "Mulhouse, 800 ans d'histoires" touche à sa fin. L'art contemporain y aura occupé une place importante et un plasticien local est à l'œuvre cette semaine rue de Bâle, Fernand Kayser.

Fernand Kayser n'est pas un inconnu. Cet artiste-peintre trentenaire est membre du collectif Schlager Club de la Mer Rouge. Selon Artsper, un des leaders mondiaux de la vente en ligne d'art contemporain, le Mulhousien est "un des cinquante artistes à suivre ces prochaines années". Il a fait plusieurs escales dans le Marais à la galerie Art Jingle ces dernières années. Cette fin d'août, il honore une commande de la Ville au 125 de cette rue de Bâle à reconquérir et rafraîchir.


Le voilà juché sur une nacelle, affairé  à l'habillage d'un mur. Il réalise une fresque géante d'une centaine de mètres carrés qui annonce la couleur. Une œuvre très colorée qui s'inspire des éléments narratifs de son répertoire classé dans les "accumulations joyeuses colorées". Ainsi des bouteilles, des palmiers, du mobilier. Et parce qu'il s'agit de Mulhouse, des enseignes qui ont marqué l'histoire récente de la ville comme le Phoenix, qu'on vendait dans les années 80 comme "la plus belle salle de l'Est" et ces boîtes regrettées comme le Calypso. Fernand n'oublie pas Opunk, autre adresse de la légende urbaine du Bollwerk. Dans cet hymne au "Mulhouse de la fête", Fernand Kayser est aussi en train de colorier le mur d'un immeuble qu'il avait occupé minot. C'est une heureuse coïncidence pour un artiste en recherche du bonheur. 

La fresque sera inaugurée le 20 septembre.

17 août 2025

DÎNER AU COUCHANT A LA CHOLOTTE (VOSGES)













C'est une ferme ancienne entourée de forêt, sur le ban des Rouges-Eaux, à 15 km de St-Dié-des-Vosges. L'Auberge de la Cholotte. Marie, chez qui nous séjournons ( voir La Maison de Marie) dans la même commune, nous a indiqué cette adresse que plusieurs panneaux mentionnent sur la route.  Le restaurant est fermé ce soir, mais le service est assuré pour les résidents, l'établissement proposant 5 chambres dans un havre de paix. Hôtes de Marie, nous avons la chance d'y être reçus. Nous étions attendus. S'agissant d'une sorte de ferme-auberge, il vaut mieux ne pas traîner en effet. Du reste, à l'approche de la mi-août, le jour décline de plus en plus tôt. 

Un parking entouré d'arbres. Une terrasse avec des bancs et tables en bois.
Une dame plus très jeune partage le dîner avec son petit-fils. Elle est de Soultz.
J'avais remarqué le 68 d'une plaque de voiture. Elle est arrivée en fin d'après-midi pour se poser dans ce nid discret et tranquille quelques jours. Elle a été restauratrice dans le Florival dans une autre vie. Aujourd'hui elle baigne dans les vacances et partage les joies de l'eau avec l'adolescent, me confie-t-elle.

Nos couverts sont disposés sur la table. Il faudra manger dehors. Le temps est idéal. La chaleur diurne s'est estompée. Je vais nous annoncer au personnel. Un fumet de viande court dans le couloir. Patrick est en cuisine. Il est aux commandes de la maison avec Angelika depuis 15 ans mais a affronté des périodes difficiles, les gilets jaunes, la maladie, la crise sanitaire et le reste. Pourtant ce gaillard qui me rappelle quelqu'un cultive "la joie". La devise de l'établissement affirme que "le bonheur n'est réel que s'il est partagé". Nous aurons le traditionnel menu terroir, la trilogie entrée/plat/dessert à 30 €. Patrick pratique la cuisine de grand-mère, le circuit court, les produits de saison. Ce mardi soir, un effiloché de porc parmentier, une tranche de terrine ou de pâté en croûte et une crème brûlée à la bergamote. Pour le vin, ce sera un verre puis un deuxième d'un Côtes du Rhône exceptionnel, Les Champauvins Grand Veneur, suggestion du chef. Nous dînons en conversant avec notre voisine haut-rhinoise, sous les yeux d'un petit chien bien éduqué qui aura sa part du coup.






La Cholotte se cherche pour savourer un bon moment à l'écart du monde, comme nous le faisons chez Marie. L'auberge est connue aussi pour ses animations, du dîner-concert à la conférence. L'auberge tient son nom de la propriétaire, me renseigne Patrick, qui nous aura comblés de saveurs revigorantes. Dommage que le dîner expire dans la pénombre. Il a fallu demander un lumignon pour le café et repartir sans éclairage. Mais c'est une expérience dans le silence d'une soirée vosgienne.


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Auberge de la Cholotte

44 La cense de Saint-Dié     88600 Les Rouges-Eaux 

15 août 2025

OUBLIER LE TEMPS A "LA MAISON DE MARIE"







Distinguée mais d'une grande simplicité, Marie a réinvesti une demeure familiale pour en faire des chambres d'hôtes. Aux Rouges-Eaux, dans les Vosges. Les premiers retours sont excellents.



Ce mois d'août étouffant, nous nous mettons au vert dans une localité dont je n'avais jamais entendu parler, Les Rouges-Eaux, entre Bruyères et St-Dié-des-Vosges. Notre destination est "La Maison de Marie", nouvelle offre de chambres d'hôtes à une trentaine de bornes de Gérardmer. Nous aurons roulé deux heures, ralentis par la densité du trafic aux abords du lac de Xonrupt-Longemer, dont les rives sont assaillies par les estivants en quête de fraîcheur. Les derniers kilomètres nous font traverser une forêt coupée par une route sinueuse et étroite.







Marie habite 430, rue de la Mairie. Une rue a priori interminable. En fait, le numéro indiquerait une distance entre deux points. Nous sommes dans le centre d'un village dont la population se compte depuis le début du siècle aux environs de 80 habitants. Notre adresse est une maison flanquée d'une annexe. Elle abrite un ancien commerce. Voilà le produit d'appel touristique: une épicerie comme celle de Nénette à Champdray. En acquérant le bien familial, Marie avait fait la promesse de conserver la boutique qui a manifestement fermé dans les années 1990. J'y retrouve le dallage  XIXe de la maison de mes grands-parents paternels; les étagères peintes sont remplies de boîtes et de vieux flacons vides. Une affichette donne le tarif de la baguette en 1989:  3,15 francs soit 50 centimes d'euro environ. Sur le comptoir encombré règne une balance Dayton-Testut.  







L'épicerie était l'épicentre de la vie locale naguère, lieu d'approvisionnement de la vallée avec son dépôt de pain confectionné à proximité. Le dimanche après la messe, on venait y prolonger la matinée. L'église est dédiée  à saint Jean-Baptiste. Les eucharisties y sont rares, la dernière fois un office a été célébré au début de l'été. Mais les funérailles y ont toujours cours. Marie est issue de la famille Thomas, qui a laissé sa marque dans la commune. Elle occupe une grande place dans le cimetière entourant St-Jean-Baptiste. Pendant la dernière guerre, les Allemands avaient réquisitionné une propriété appartenant aux Thomas. Une maison de caractère avec un piano. Près de la mairie, une place porte le nom de la 3e Division US, libératrice du secteur. En 1944, de nombreux combattants, soldats ou maquisards, ont perdu la vie par ici.

A notre arrivée, Marie nous accueille, robe longue d'été et sourire éclatant sous son grand chapeau. Elle aura l'occasion de partager des anecdotes et des faits historiques sur cette maison familiale désormais ouverte à des hôtes en recherche de déconnexion au grand calme et dans un endroit insolite. L'épicerie justement. C'est comme hier le lieu de rencontres et d'échanges. On y prend un verre d'eau fraîche et le petit déjeuner.  Nous y croisons Alex et Geneviève, vacanciers des Flandres qui passeront 5 jours sur place. 







Marie a eu une vie professionnelle exigeante. Elle a tourné la page pour revenir aux sources et aspirer à un renouveau loin de l'anonymat de la grande ville, à l'écart de toute nuisance. Ici, elle revit bercée par le murmure de la Mortagne et ses ruisseaux, la sonnerie de  l'Angélus  et peut-être la coupe d'une grume là-bas. Depuis peu, elle découvre le métier d'exploitante de chambres d'hôtes. A sa bonne surprise, les clients se sont vite manifestés.  Et sont repartis ravis de leur séjour. Nous occupons pour deux nuitées la chambre centrale avec son balconnet, avec vue sur la rue et les prés. Une pièce spacieuse, un lustre ancien, un mobilier sans fioritures, une toile d'un peintre belge sans doute. La tapisserie du fond a été restaurée. Elle aurait beaucoup à raconter.  La salle de bains est commune. On remarquera le miroir surplombant la baignoire, emprunté à une armoire. 









La nuit venue, il me plaît de contempler le ciel depuis le balcon. La seule source lumineuse nous est renvoyée de la mairie.  Elle vient du panneau d'affichage… La période est propice aux phénomènes célestes. J'aurai la chance de capter deux étoiles filantes le deuxième soir. En période de Fêtes, des volutes illuminent le passage de la mairie. En attendant, considérons la ligne des résineux au couchant comme au réveil. Et savourons ce moment hors du temps.
Je n'ai pas vu une seule pendule dans la maison de Marie. Ici le temps ne se lit pas, il se remonte. 






La Maison de Marie 

88600 Les Rouges-Eaux 

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8 août 2025

INTERMARCHE SAINT-LOUIS, C'EST FINI







4 mois après la sentence des Mousquetaires, Intermarché baisse le rideau Avenue De Gaulle à Saint-Louis. Epilogue d'un déclin. 10 heures ce vendredi 8 août. Un engin barre un accès au parking sous le soleil. Les portes du magasin affichent la fermeture imminente. Dans la galerie marchande, quelques clients. Une vieille dame assise sur le banc près d'un sac à la lettre orange d'une enseigne suisse. Elle se souvient des marques d'un temps révolu, Suma, Mammouth, Géant Casino. Elle venait ici de temps en temps, me vante la qualité des verrines maison et des saucisses de Morteau. L'Intermarché va lui manquer, comme à nombre de consommateurs de proximité. Un couple de Hégenheim se demande comment il va faire maintenant. C'était pratique à la sortie des grands axes routiers. Dans le magasin, les affichettes annoncent 70% de remise à l'exception des alcools forts. Les rayons concernés ont été dévalisés, il ne reste plus grand-chose à acheter à part peut-être bas, lingerie et cosmétique. Un couple tente de faire plaisir à son enfant aux jouets. La surface de vente s'est rétrécie avec la condamnation des secteurs frais et viande. Des salariés démontent.






La ruée sur les prix cassés est passée. Il y a eu des tensions, des éclats de voix pour arracher un produit se souvient une employée.  De rares caisses tournent. Une hôtesse m'offre le sac plastique pour quatre menus achats. Je vais trouver l'un des deux derniers commerçants de la galerie. 8 ans de présence et un gros point d'interrogation sur son devenir. Il est en colère contre un système qui élimine le petit artisan. Remonté aussi contre ces distributeurs qui ne disent rien et le laissent demain dans un bateau fantôme. Plus loin, la commerçante en produits de beauté doit se mordre les doigts d'avoir investi. 






Arrive Malika, déléguée syndicale et secrétaire du CSE. Elle a été la porte-parole du personnel ces dernières années. Après le rachat à Casino, le groupement Les Mousquetaires avait constaté qu'une trentaine de magasins n'étaient plus viables. Saint-Louis était de ceux-là. Fuite de clientèle, Covid, manque d'investissements, pertes. L'ancien hypermarché allait être de la charrette. Depuis le printemps, le personnel s'est préparé à l'épreuve finale.
Ici, la moyenne d'âge est de 44 ans. Le congé de reclassement permettra peut-être à certains de se recaser. Malika souligne que ses collègues, une cinquantaine, finiront le travail avec professionnalisme et avec le sourire si possible. Le climat est apaisé, direction et clients se montrent bienveillants selon elle.  

Et comme si de rien n'était, la musique coule sous le plafond.
Les larmes  glisseront probablement demain, quand il faudra se dire adieu ou au moins au revoir. 

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