14 décembre 2018

DU RÊVE DE GOSSE AU MODÉLISME PREMIUM

     Destination Altkirch, capitale des trains d'Emma.




Depuis deux décennies il fait rêver le public familial dans la basse ville d'Altkirch avec sa Grotte aux Lucioles, transformant le pavillon familial en maison merveilleuse. Christophe Holbein s'est lancé un nouveau défi, en ouvrant un autre espace d'exposition consacré aux trains miniatures. Ces dernières années, le prestataire du marché de Noël de Montbéliard avait misé sur un local de la moribonde rue des Boulangers, où les commerces se comptent désormais sur les doigts d'une main. Il en a fait la boutique aux fées, avec les produits dérivés de l'avenue du 8e Hussards. Tout à côté, il a inauguré récemment "Le monde des trains d'Emma", dans un fonds naguère rempli de confiseries mais à l'abandon depuis belle lurette. Il a fallu tout refaire dans cette friche au rez-de-chaussée d'un collectif trentenaire. 

Christophe n'est pas un homme d'affaires, mais un entrepreneur aux yeux d'enfant qui croit dans sa ville plus que dans la Ville. Cette rue vivante au siècle dernier, il faut la réveiller, surtout qu'en face il lorgne sur la place des Abeilles, dont j'ignorais le nom, un comble pour un voisin ou presque. L'ancien parking de mon enfance devenu clos minéral offre un potentiel d'animation, mais il faut le débarrasser des conteneurs à déchets aussi esthétiques que des bunkers sur une plage. On ne parle pas des poubelles que les bouches métalliques ne peuvent engloutir. C'est sur cette placette donc que le faiseur de rêve envisage des manifestations en rapport avec ses thèmes, comme une bourse ferroviaire.



Mais entrons. A droite, à l'accueil, des boîtes de matériels roulants, des coffrets de départ, des miniatures. Christophe avertit qu'il ne tient pas une boutique ; il peut cependant procurer une pièce et s'occupe de la réparation de ces délicats trésors.
L'exposition se construit autour d'un imposant décor ayant nécessité d'importantes quantités de matériels sur lequel évoluent les trains de jardin Lehmann. Un travail titanesque de plusieurs semaines pour une équipe restreinte qui a ravi les représentants de Märklin, la marque - phare du lieu. S'il est question des trains d'Emma, c'est par référence à une vieille commerçante d'Elzach dans le Bade-Wurtemberg. Connue comme le train en fer blanc outre-Rhin, la spécialiste de la miniature ferroviaire travaille avec la famille Holbein depuis plus de dix ans. De sa caverne d'Ali Baba du rail, Christophe a rapporté des bijoux de ferrovipathes. Comme à la Grotte aux Lucioles, une multitude de personnages ajoutent à la mise en vie du diorama géant, dans des scènes réalistes, parfois insolites voire coquines. Le spectacle est partout, y compris le long des murs où les vitrines abritent des raretés. L'excellence Märklin, les lapins animés Duracell, les avions Schuco. Les locos tournent devant, derrière, au-dessus de nous. 






Pour les plus âgés, les souvenirs reviennent. J'ai, comme Christophe, grandi avec les trains. Je suis devenu modéliste ferroviaire voilà 40 ans. Je vis avec les TER dans mon quotidien.
Ici, pas besoin de pendule Ato de gare. Le temps n'a pas d'emprise sur ce pays magique où les trains arrivent à l'heure, qui n'est pas miné par un conflit SNCF, qui ne connaît pas les incidents de personne. C'est la bulle de Noël des petits et grands enfants. En cela, je recouvre mes images de préadolescent, rivé aux machines lancées dans leur ovale. C'était le Jouef jurassien. 

Dans les trains d'Emma, on est à l'heure allemande. Celle-là se moque du temps qui passe. 

En attendant, Christophe redynamise la rue à bon train.









#LesTrainsd'Emma 


Les Trains d'Emma, rue des Boulangers, 68130 Altkirch
Jusqu'au 6 janvier de 14 à 20H.

4 décembre 2018

NOEL A THANN : TROIS SAPINS, TROIS PLACES




Pendant un mois, Thann s'anime de son marché de l'Avent. 
Car à Noël il aura cessé. Ce dimanche après-midi de novembre, à une semaine du "Carême de fin d'année", la sous-préfecture du Pays Thur-Doller est vivante. Sitôt dans le périmètre festif, voilà un cortège automobile de Gilets jaunes. Quelques voitures mais du bruit. Au voisinage de la collégiale, qui est à Thann ce que la cathédrale est à Strasbourg, le timide réveil du marché. Le grand sapin étale fièrement son interminable chapelet lumineux, une guirlande de deux kilomètres. Il a été coupé sur le ban. 
A l'intérieur de l'église, je considère l'architecture. Un groupe papote comme au café. Saint Thiébaut repose dans ses ors. 
Une trentaine de cabanons s'égrènent sur trois places, celle du patron de la ville et celles des libérateurs. Sur l'une d'elles, je revois mon ancien confrère Nicolas, dont la conjointe vend des bijoux de sa propre facture. Il me semble aussi reconnaître l'ancien conseiller général Jean-Luc Reitzer derrière ses productions fermières.
Avec le marché de l'Avent, la petite ville reprend des couleurs, avec des vitrines réactivées. Comme cette librairie en friche convertie aux bonnets. La cité du Rangen a quelques beaux commerces. 















Même en novembre, la nuit surprend vite. Il faut repartir quand les lumières font entrer la manifestation dans sa dimension féerique. Le public est nombreux désormais. Mais le marché de Thann reste intimiste. Et la collégiale un pilier rassurant.



Jusqu'au 24 décembre.
Possibilité d'y aller en train depuis Mulhouse.