2 février 2018

FESTIVITAS 2018 : LA MIGRATION CULINAIRE DE STORCK



Vendredi 02 février midi. L'accorte Clémence nous accueille à la porte du S3 (S cube), le restaurant éphémère gastronomique du salon Festivitas de Mulhouse dont j'ai parlé dans un article récemment. Sandrine Jobard, professeur d'économie aux jolies mèches, est à l'entrée aussi. Nous avons vu ces visages lors de la présentation de l'événement dans les locaux de Storck il y a une quinzaine de jours. Nous allons les revoir dans les conditions réelles, car il faut désormais recevoir la clientèle, des convives qui ont pris l'habitude de réserver leur table dès le signal.
Deux services à midi, deux le soir pour ce restaurant haut de gamme, une des attractions du grand marché des voyages et de la gastronomie. 




Le menu étoilé a été préparé avec quatre toques. Cette année, nous voyageons avec un passeport portant mention de "L'Odyssée étoilée". La salle est faite de parois noires décorées d'objets appelant le périple. Notre table, centrale, est posée sous un essaim d'avions de papier. Moderne, sobre, inventif.



Les étudiants du lycée hôtelier de Guebwiller en tenue sombre ou en costume avec cravate rouge sont réglés comme un coucou suisse. Les enseignants veillent, à l'instar de Christophe Pham Van, professeur de restaurant. Pas de fausse note. Le service de la mi-journée est suivi par un public senior, des aînés venus se faire plaisir, sans se soucier sans doute de l'orchestre. L'essentiel étant dans l'assiette.
Les cuisiniers et leurs mentors envoient "l'aventure vers les 4 coins du monde" par un apéritif. Ce sera à l'unisson le cocktail au gingembre. Puis deux heures de vol en compagnie d'une charmante hôtesse et de confrères à la panse joyeuse, un long courrier aux arômes glanés de par le monde...Air Storck, un catering de haut vol. 




Bernard Leray La Nouvelle Auberge *

Marc Haeberlin L'Auberge de l'II ***

Jean-Christophe Perrin LAltévic
Laurent Arbeit L'Auberge Saint-Laurent *

#S3 #festivitas2018

1 février 2018

MON COEUR PLEURE MARIE




Les jours passent, des visages s'effacent. J'ai été happé ce matin par un petit pavé nécrologique qui m'a ému. Je ne reverrai plus Marie. Voilà quelques semaines, j'appris qu'elle avait été admise en institution à la suite peut-être d'une blessure handicapante. Je passe souvent devant sa jolie petite maison de ville, enserrée entre deux immeubles. Je ne manque pas d'y jeter un regard, même si je ne me souviens pas d'avoir vu Marie à la fenêtre.
Nous étions presque voisins. Une centaine de mètres peut-être nous séparaient, dans cette rue des Boulangers où elle demeurait la mémoire vivante, à 93 ans. Pourtant Marie n'a pas toujours été altkirchoise. Mais elle aura fait partie de mon paysage pendant un demi-siècle, bien que je ne sache pas grand-chose d'elle.
Elle était la simplicité, la  gentillesse, le labeur. Une de ces femmes du temps jadis, tout à leur ouvrage, au service des autres. Trois ans après papa, elle s'en est allée à son tour. Ces deux-là formaient un binôme incroyable en cuisine, aussi productifs à deux qu'une brigade industrielle. Une génération les séparait, mais tout les unissait quand il s'agissait de nourrir les paroissiens de Notre-Dame. Marie portait les marques d'une vie de travail, mais son visage parlait de Dieu, fidèle croyante. On rapporte aussi qu'elle excellait en pâtisserie de maison.
Je l'ai souvent croisée avec sa vieille bicyclette. Elle me lançait alors un "Bouchour Pascal". Elle avait ce côté campagnard qui mettait de l'authenticité dans une rue en perte d'identité.

J'aurais tellement aimé qu'elle me parlât encore de la Libération. Elle avait enduré la fin de guerre à Sélestat. De nombreux combattants avaient perdu la vie dans l'hiver russe de l'Illwald en janvier 45. Marie avait leur âge, vingt ans. 
Elle vient de s'endormir dans la douceur de l'hiver, le 30 janvier.  
Ma rue des Boulangers a perdu "s'Kipp Marie".