17 décembre 2020

MA NUIT VINTAGE AU DON SUISSE (LA BRESSE)

Décembre 2018 






La Bresse. Ce nom évoque le plus grand domaine skiable du massif vosgien. Sa notoriété a été bénéfique aux entrepreneurs comme Régis Laurent, le fondateur et dirigeant de Bol d’air, une PME prospère qui a fait de l’évasion son fonds de commerce. Depuis quatre ans, l’homme venu du parapente propose aussi une escale hors sol dans un village qui a vite trouvé ses habitants, La Clairière aux Cabanes.




Au départ de l’Escargot Géant, bâtiment d’accueil, une douzaine de cabanes sont posées dans un quadrilatère naturel. Cette fois, on me loge dans la plus méridionale, comptant parmi les Cabanes dans les arbres.

Elle porte le drapeau rouge à croix blanche. C’est la Baraque du Don Suisse. Devant la petite maison, l’épave d’un GMC abandonné par les libérateurs. Soudain on fait un bond de 70 ans dans le passé.
Chassés de France en 1944, les Allemands pratiquèrent la politique de la terre brûlée dans leur retraite. Ils incendièrent La Bresse. Le père de Régis Laurent a connu cette page d’histoire.

Avec l’aide du Don Suisse, une fondation, des baraquements furent montés après la guerre. La cabane que je vais occuper une nuit s’en inspire.



C’est comme si elle était faite pour moi. Sitôt entré, me voilà dans les années 1940. J’ai l’impression d’aller chez ma grand-mère. Buffet de cuisine en bois à portes vitrées, poste de radio, évier carré, cuisinière à bois, lampes à pétrole, linge suspendu… Des boîtes métalliques à l’éclairage en passant par le mobilier, le décorateur a pris soin d’éviter les anachronismes.  C’est presque un sans – faute. Les prises sont actuelles.


La pièce principale est le lieu de vie. On y cuisine, on s’y restaure, on s’y chauffe, on peut y faire sa toilette comme nos aïeux. Pas de salle d’eau, mais un WC à chasse à chaîne comme dans notre enfance. Pour la douche, une cabine privative est prête de l’autre côté du chemin, dans le grand Escargot.



Pour la nuit, j’ai l’embarras du choix. Deux chambres, trois lits. Ils rappellent ceux de mes grands-parents aussi. Je me glisse dans un nid douillet près d’un chevet surmonté d’un petit abat-jour éclairant la Vierge de Lourdes. A l’époque, on était croyant.
La nuit sera noire. Le vent s’engouffre dans les arbres. Il pleut un peu.


Je dors comme une souche. Je n’aurai pas froid. Je me suis demandé en entrant comment ce chalet était chauffé, la cuisinière éteinte…
Par le sol pardi. C’est l’innovation discrète apportée à la baraque post- Libération. Ainsi, pas de radiateur électrique incongru.

Au petit matin, il faut bien sûr sortir sous la pluie et gagner les sanitaires.
Le jour se lève, j’ai fait un voyage dans le temps sans rêver de l’exode de Blancfaing de 1944. Les gouttes glissent sur le métal inerte du GMC.

En montant prendre le petit déjeuner, je retrouve mes consœurs parisiennes qui viennent de passer leur première nuit dans les Hautes-Vosges. Chacune sa cabane insolite, chacune son histoire, son expérience, son ressenti.
Quand on a dormi dans 
La Clairière aux Cabanes, on pense à y revenir.

D’ailleurs les nuitées sont aussi nombreuses l’hiver que l’été. Et la cabane la plus réservée est aussi la plus chère !



                                                    Crédit photos La Clairière aux Cabanes 


Autres hébergements de 2 à 42 personnes.
Location de ski et 
Fantasticable sur réservation l’hiver.

www.la-clairiere-aux-cabanes.fr

www.bol-d-air.fr

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3 décembre 2020

ECOMUSEE D'HIVER COVID

 



Pour les Fêtes, l'Ecomusée d'Alsace nous avait habitués à finir l'année comme il fait défiler le temps au rythme des saisons et fidèle aux traditions de nos aïeux. Nous nous passerons des marchés de Noël en ville et renouerons avec ce que nous connaissions il y a plus de trente ans, la surenchère d'illuminations en plus. 

A l'Ecomusée, je me souviens des guirlandes monocolores comme il en existait dans nos communes. Mais le village-musée d'Ungersheim ne fêtera pas Noël cette année. Il serait resté dans son habit d'automne, n'étaient deux sapins dont un décoré devant la boutique du potier. C'est par un après-midi gris de décembre que je me présente au portail des Loges. 




J'ai rendez-vous avec Debby, l'accorte chargée de communication du musée vivant. Je voulais m'imprégner de l'atmosphère d'un haut lieu touristique fermé. Nous passerons une petite heure ensemble, dans ce village terriblement silencieux, quand habituellement les touristes flânent sur les places et dans les rues. Pas âme qui vive apparemment. Si, le bureau du directeur est occupé. Mais nous ne croiserons personne, à l'exception du charpentier à l'écart, taillant un morceau de bois à l'aide d'outils anciens. Un parc de jeux est en cours d'aménagement. Les vaches vosgiennes nous considèrent à proximité.



Plus loin, une voiture stationne. Une autre encore. Le village n'est pas tout à fait vide. Les bénévoles sont privés de leur environnement, les salariés en activité partielle. Mais l'Ecomusée vit. Au reconfinement, le cheptel porcin s'est de nouveau enrichi d'une huitaine de têtes. Les moutons bêlent, les paons font quelques pas, le bouc se surpasse pour se faire désirer de la femelle. Les animaux sont nourris par les agriculteurs du site. 




Bien avant la période de restrictions en vigueur depuis la fin d'octobre, l'Ecomusée avait renoncé à sa saison hivernale. Bonne pioche. Le village, qui a depuis peu ses panneaux d'entrée et de sortie d'agglomération, aura été fréquenté quatre mois seulement cette année. 

En l'arpentant cet après-midi de décembre, je me dis que les vieilles pierres et les vénérables colombages se sont assoupis pour un long hiver, comme ceux de nos grands-parents.




 




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