15 mai 2017

SUR LA ROUTE DE LA POTASSE

La cigogne, le  de l'agglomération mulhousienne, la tête d'un mineur : voilà le logo de la Route de la Potasse, inaugurée le 14 mai par les élus de M2A (Mulhouse Alsace Agglomération).

 

L'aventure de la potasse d'Alsace a duré un siècle, du premier forage à Wittelsheim à l'incendie de Stocamine. Elle a profondément transformé le paysage de la vie économique et sociale du bassin mulhousien.
La Route de la Potasse est le fruit d'un projet initié par les associations de sauvegarde des carreaux Joseph-Else, Rodolphe et Théodore. Il s'agit d'un itinéraire touristique de 18 km proposé par la communauté d'agglomération. Il permet de découvrir des sites remarquables, des cités minières et des lieux emblématiques qui ont fait le Bassin potassique : outre les carreaux, la salle Grassegert, le stade ASCA, l'école Mélusine, l'église Ste-Barbe etc. Quatre communes sont investies : Wittelsheim, Staffelfelden, Pulversheim et Wittenheim.






L'OTC de Mulhouse Sud Alsace organise des excursions sur la Route de la Potasse les 20 mai et 12 juillet. Et des demi-journées les 16 juin et 16 août. 

www.mulhouse-alsace.fr .





Devant l’imposant chevalement en béton Rodolphe II, une dizaine de véhicules de couleur sombre ou au contraire vive est disposée en arc de cercle. Des moteurs ronronnent. Au volant ou devant, d’anciens mineurs, casque vissé sur la tête, prennent la pose. Ils attendent la délégation d’officiels qui ce matin ouvre la route de la potasse. Thierry Vogel et Patrick Vonthron me font la conversation. Mineurs retraités, les deux camarades ont un autre point commun : ils ont commencé au fond le même jour, le 17 novembre 1980. Thierry se souvient des nausées de son baptême et des recommandations d’accueil. Le porion lui avait prédit trois accidents dans sa vie, dont un grave. Plus de 800 mineurs ont laissé la vie aux MDPA pendant le siècle de la potasse. Une stèle honore leur mémoire à Wittenheim. « Dans la galerie, on était comme un rat », expliquent mes interlocuteurs, qui énoncent les conditions inhumaines des forçats du sel, à plusieurs centaines de mètres sous terre. L’atmosphère particulière, l’absence de visibilité, la fournaise…Par 50°C, les chaussures se remplissaient de sueur et l’organisme devait ingurgiter des litres d’eau pendant le service. Contre les crampes de chaleur, l’ouvrier prenait des pilules de sel.

L’exploitation de Rodolphe cessa en juillet 1976. 8 ans plus tard, les puits 1 et 2 étaient remblayés. Dans leurs entrailles de nombreux matériels ont été abandonnés à jamais, avec des décennies d’histoire. Les véhicules présentés en surface par les bénévoles du Groupe Rodolphe sont une infime partie de la flotte d’exploitation. Deutz, Renault, Perkins, Hispano Suiza, Perkins, SACM…Les mécaniciens d’hier énoncent les motoristes et constructeurs de ces engins sur pneus, rails et chenilles qu’ils avaient à entretenir. Dans les galeries, il fallait se muer en feuille de papier quand passait le chargeur Wagner… Ces souvenirs, seuls les anciens peuvent les raconter. Les Rodolphe se retrouvent le mercredi pour maintenir leurs véhicules en état de marche, tant bien que mal car les pièces détachées n’existent plus. L’association revendique plus de 400 membres, dont une quarantaine d’actifs. Ceux-là accueillent le public pour les visites commentées, notamment des machines d’extraction restaurées et fonctionnelles. Chaque année, des milliers de personnes se rendent à Pulversheim/Ungersheim à l’ombre du grand ensemble minier presque complet.

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